Innovation

Platooning, une solution d’avenir ?

  • 10/01/23
  • 3 min

A l’heure où le redémarrage de l’activité économique globale se prépare, le secteur du transport et de la logistique cherche lui aussi à se remettre sur les rails. En envisageant différentes mesures pour gagner en efficacité et maîtriser les coûts, il n’écarte pas pour autant les préoccupations écologiques. Comme avec le platooning pour ses poids-lourds. Mais ce recours est-il pour autant une solution d’avenir ? Analyse

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Avec la suspension momentanée de l’activité économique liée au coronavirus, les entreprises sont plus que jamais amenées à mettre en place des actions concrètes pour amortir le coût de la crise. Le secteur de la logistique est lui aussi concerné. Il n’en oublie pas les enjeux écologiques pour autant, avec des mesures comme avec le platooning. Le principe est simple : il s’agit de connecter une file de camions avec une faible distance entre eux pour un trajet sur autoroute.

Le premier poids lourd est conduit de façon classique par un chauffeur tandis que les autres sont interconnectés avec lui grâce aux V-to-V, (Véhicule To Véhicule, c’est un protocole de communication entre véhicules qui va pouvoir se généraliser progressivement grâce à l’essor de la 5G). Ils réagissent ensuite automatiquement à ses manoeuvres. Ces dernières années, tous les constructeurs de poids lourds ont travaillé au développement de ce procédé et il est désormais possible de tester en conditions opérationnelles ces files de camions rapprochés.

 

Le platooning : un système qui a fait ses preuves

Après de nombreux tests sur plusieurs milliers de kilomètres, les différents systèmes élaborés par les constructeurs ont fait leur preuve. Le platooning permet de réaliser 5 à 10 % d’économies de carburant sur les véhicules suiveurs en les autorisant à profiter de l’aspiration du précédent véhicule, grâce à l’absence de frottements aérodynamiques. Une donnée importante quand on sait que le carburant demeure le premier poste de coût chez les transporteurs.

Le platooning est aussi synonyme de diminution des émissions de CO2 qui tend pour sa part à devenir un facteur de plus en plus important pour les chargeurs. La conduite étant enfin bien moins fatigante pour les conducteurs suiveurs, il est possible de considérer que leur temps de conduite puisse être augmenté, améliorant ainsi la rentabilité.

 

Des contraintes qui limitent son adoption

Si le platooning comporte des avantages certains, il est difficile de prévoir son évolution dans les années à venir. De nombreux freins limitent encore son adoption. Il doit réunir des conditions très spécifiques : sur autoroute, sur de longues distances et avec un minimum d’entrées et de sorties de véhicules. Cela ne concerne donc qu’une partie du transport routier. Or, le marché doit se structurer toujours plus pour que les constructeurs investissent davantage dans cette solution.

A cela se greffe des défis techniques : au cours de tests sur longue distance, l’on a constaté un moins bon refroidissement moteur du fait du flux d’air moins important, ce qui peut poser des problèmes de fiabilité à long terme. D’autre part il n’est pour le moment pas possible de composer des files de camions de plusieurs marques. Le projet européen Ensemble (ENabling SafE Multi-Brand pLatooning for Europe) travaille à l’interopérabilité des systèmes pour permettre des convois multimarques. Il conviendra enfin d’adapter le Code de la route, la définition des responsabilités dans le cadre des assurances (qui sera responsable en cas d’accident ?) ou encore travailler sur l’acceptabilité sociale, tant au niveau des chauffeurs que des autres usagers de la route.

Le platooning est une solution prometteuse mais elle ne devrait pas se généraliser avant encore plusieurs années.

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